Mort de DJ Arafat : « Ça me fait très mal. Je n'y ai pas cru »
À la suite du décès accidentel de la star du coupé-décalé, de nombreuses personnalités, artistiques, politiques et civiles, de nombreux fans aussi, ont fait part de leur émotion.
Par Le Point Afrique (avec AFP)
Publié le | Le Point.fr
C'est la Radiotélévision publique ivoirienne (RTI) qui a annoncé la mort lundi midi du jeune chanteur DJ Arafat alors que des informations sur son accident circulaient depuis plusieurs heures sur les réseaux sociaux. « DJ Arafat, de son vrai nom Ange Didier Houon, est mort lundi à 8 heures dans un hôpital d'Abidjan, des suites d'un accident de la circulation qui s'est produit dans la nuit dans la capitale économique ivoirienne », a ainsi précisé la RTI sur son compte Twitter. Selon Scovik, un manager de coupé-décalé, DJ Arafat, qui était un grand amateur de moto, a été victime d'un traumatisme crânien après avoir percuté une voiture dans le quartier d'Angré (nord d'Abidjan). Il a été transporté à l'hôpital dans le coma, avant de décéder au matin.
Un hommage unanime
Serge Beynaud et Debordo, deux autres stars du coupé-décalé, parfois rivaux d'Arafat sur la scène artistique ou médiatique, ont salué « une icône » de la musique ivoirienne, au cours d'une émission spéciale d'hommage de la RTI. Bebi Philip, autre vedette du coupé-décalé et ancien arrangeur de DJ Arafat, s'est dit « très touché », auprès de l'AFP. Sur Twitter, le footballeur Didier Drogba a posté une photo du chanteur, qui était un grand amateur de ballon rond, avec un cœur.
Selon le site d'information continue ivoirien Alerte Info, des centaines de fans étaient rassemblés dans la soirée près du domicile de la star défunte pour lui rendre hommage, reprenant en chœur ses tubes. Pendant plusieurs heures dans la journée, une foule d'un millier de jeunes fans en pleurs s'était rassemblée devant la polyclinique des Deux Plateaux à Cocody, où est décédé le chanteur, ont constaté des journalistes de l'AFP. Incrédules à l'annonce de sa mort, des fans scandaient « Arafat ne peut pas mourir ». La police a dû intervenir pour les contenir. « Ça me fait très mal. Je n'y ai pas cru, je suis venue voir », a déclaré à l'AFP une fan, Estelle Oulaye. « C'est le Daishinkan d'Afrique », pour Ibrahim Tapsouba, en référence au surnom du chanteur, tiré d'un super-héros de dessin animé. « On est tous sous le choc », a témoigné auprès de l'AFP Ickx Fontaine, producteur ivoirien et spécialiste du hip hop. DJ Arafat était « au top niveau depuis 15 ans et son premier tube Jonathan. C'était impressionnant ». « C'était un vrai chanteur et un batteur [...], il a donné un nouveau souffle au coupé-décalé », a-t-il estimé. DJ Arafat était « un monument de la musique ivoirienne », « il donnait des concerts dans toute l'Afrique », a témoigné Ozone, un producteur de hip-hop et animateur de télévision. « Il avait un charisme naturel », « il restera une force pour la musique ivoirienne et africaine ». « Il avait un son particulier, il a accéléré le coupé-décalé et il a apporté une autre façon de danser, spectaculaire », a souligné Scovik. « Il était aussi doué pour le marketing, il faisait le buzz, il fallait toujours qu'on parle de lui, il a toujours voulu être à la page. » Toujours au rayon des hommages, plusieurs artistes et personnalités du monde de la musique se sont exprimés :
C’est avec émotion et tristesse que nous avons appris ce jour, le décès brutal de DJ Arafat, une figure de proue de la musique Ivoirienne.
Le groupe Magic System se joint à toute la famille artistique de CI pour présenter nos condoléances à la famille biologique de l’artiste.
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Je me suis exprimé dans @LeParisien_75 à propos de la disparition de notre @DjArafat leparisien.fr/culture-loisir …
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Tu nous a fait danser "2 le matin 3 le soir" sur "12500 volts". Tu pars mais ton oeuvre restera à jamais. RIP jeune frère #DJArafat . Mes condoléances à toute la #cotedivoire. Un Warrior Africain est parti. @RTI_info @RTIOfficiel . YN
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Dans le concert d'hommages, le président Ouattara n'a pas voulu être en reste et a publié un tweet à l'attention de la star du coupé-décalé.
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Houon Ange Didier « DJ Arafat », icône de la jeunesse et ambassadeur de la musique et de la culture ivoirienne. Je présente mes sincères condoléances à sa famille et à tous ses fans.
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Un sillon que le ministre ivoirien de la Culture Maurice Kouakou Bandaman a suivi en présentant « ses condoléances à la famille et aux mélomanes », et en indiquant que des dispositions seraient prises pour « un hommage à l'artiste », selon un communiqué diffusé par la RTI.
DJ Arafat est parti ce matin. Avec le Ministre D’Etat Hamed Bakayoko, nous avons constaté le corps sans vie de l’artiste, dans cette clinique où il a été admis hier nuit après son grave accident de moto. L’année dernière, je l’ai décoré. Adieu à l’artiste, vive l’artiste!
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Hamed Bakayoko, ministre de l'Intérieur et ami de l'artiste
Guillaume Soro aussi
Deux obsessions inévitablement face à face. Leur rencontre est fatale. La vie et la mort. Brusque. Sans voix que je suis. La #CI est en deuil. Encore mes condoléances à tous. GKS depuis Paris.
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Un parcours de Yopougon aux scènes africaines
DJ Arafat avait été désigné « meilleur artiste de l'année » aux Awards du coupé-décalé ivoiriens en 2016 et 2017. Genre musical, mais aussi attitude, le coupé-décalé, musique au rythme endiablé utilisant souvent des sons électroniques, est né en 2003 dans les boîtes de nuit ivoiriennes avant de se disséminer ensuite dans toute l'Afrique. Il a commencé à conquérir l'Europe et les États-Unis, notamment grâce aux sportifs qui ont popularisé certains pas de danse. DJ Arafat était né dans le milieu de la musique. Sa mère était une chanteuse connue et son père, un ingénieur du son réputé. « C'était un artiste très exigeant, il travaillait beaucoup », selon Scovik. Il avait commencé au début des années 2000 comme DJ dans les clubs de la rue Princesse à Yopougon, un des hauts lieux de la nuit abidjanaise, et s'était rapidement fait connaître. Parmi ses tubes, on peut retenir « Kpangor » (2005), « Zoropoto » (2011), « Enfant béni » (2018). Ironie du sort : son dernier single s'est intitulé « Moto moto »
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