Gay Pride 2019 à Paris: Qui est le collectif "Les Goudou.e.s sur roues" qui ouvre la Marche des fiertés
Les lesbiennes, les grandes oubliées des luttes LGBT, prendront la tête du cortège.
LGBT - La Marche des fiertés parisienne, organisée par l’Inter-LGBT, aura lieu ce samedi 29 juin. Cette édition 2019, qui commémorera les 50 ans des émeutes de Stonewall marquant l’éclosion du militantisme LGBT aux États-Unis et dans le monde, sera plus revendicative et inclusive.
Cette année, la Marche des fiertés mettra à l’honneur les personnes que l’on voit rarement. Le cortège s’ouvrira avec “un carré de tête en grande partie féminin”, a ainsi fait savoir Clémence Zamora-Cruz, la porte-parole de l’Inter-LGBT. Et c’est le collectif les “Goudou.e.s sur roues” qui ouvrira les hostilités.
Inspirées par les “Dykes on Bikes” de San Fransisco, un club de moto lesbien qui ouvrent de nombreuses Pride aux États-Unis, les “Goudou.e.s sur roues” débouleront à la Paris sur roues ou roulettes. L’idée de ce collectif est née d’une discussion entre quatre copines: Paulien, Anne-Fleur, Viviane et Emma.
“On plaisantait sur le fait que ce serait génial de faire comme les ‘Dykes on Bikes’ à Paris. Mais à vélo cette fois. Toutes les roues/roulettes sont acceptées: vélos, rollers, fauteuils roulants, et qui sait peut-être qu’il y aura des poussettes ou des caddies”, explique Emma au HuffPost.
“J’adore les ‘Dykes on Bikes’, leur éthique et leur esthétique. Je trouve dans la culture lesbienne US des années 70-90 le féminisme radical et intersectionnel qui me manque aujourd’hui, notamment à Paris, malgré la diffusion de la pensée ‘queer’. Il y a un truc grossièrement anti-système et ‘festivement’ rageur dans la culture contestataire de cette époque, qui me plait énormément”, commente Paulien.
Elle avait envie avec ce collectif de mettre l’identité lesbienne en avant ou plutôt les identités lesbiennes. Le terme “dyke” renvoie à la “grosse gouine” longtemps rejetée par la société hétéronormative. C’est “la quintessence de la résistance lesbienne à l’ordre établi”, ajoute-t-elle.
Le rapport au corps est d’ailleurs central. Il s’agit de rendre visibles ces corps non normés, sortant des idéaux virilistes. “Il y a pas mal de topless dans les ‘Dykes on Bikes’, ça a conforté l’idée d’un ride torse nu pour la Marche des fiertés de samedi, optionnellement bien sûr, il ne s’agit pas de forcer quiconque, mais d’offrir l’opportunité!”, explique Paulien.
“Chez les ‘Dykes on Bikes’ je pense que ce que j’aime le plus c’est qu’elles ne sont pas juste décomplexées, mais qu’elles assènent avec force un autre modèle, une autre façon de voir les choses. D’abord et avant tout avec leurs corps, leur présence en tête de cortège bien rutilante, sans passer par une déconstruction intellectuelle complexe, qui reste trop souvent l’apanage d’élites masculines et/ou blanches et/ou de classes supérieures.”
Faire progresser la visibilité lesbienne
Ouvrir le cortège sera donc l’occasion pour le collectif de faire progresser la visibilité pour toutes les identités lesbiennes et également les minorités de genre trop souvent invisibilisées.
À la Pride de 2018 seulement 2 chars lesbiens étaient présents sur 62. Cette même année les actes lesbophobes signalés ont augmenté de 42%. Une tribune récente publiée dans le magazineTêtu dénonçait le sexisme dont les lesbiennes sont victimes au sein de la communauté LGBT et notamment dans les associations. À tout cela s’ajoute le projet de loi pour la PMA maintes fois repoussé.
Autant de constats qui ont poussé “Les Goudou.e.s sur roues” à vouloir se réapproprier la rue et à conquérir un espace public.
“Quand on parle de la Marche des fiertés, les gens utilisent souvent le terme de “gay pride” et ça montre bien à quel point il y a une invisibilisation de certaines personnes de la communauté et notamment des lesbiennes et personnes trans”, explique la porte-parole de l’Inter-LGBT.
En prenant la tête du cortège, “le message politique est de se saisir de la majorité symbolique, à défaut de majorité numérique, pour rééquilibrer les forces à l’intérieur du milieu LGBTQ”, ajoute Paulien.
Les collectifs lesbiens ont du mal à se mobiliser
Les femmes, les lesbiennes, la PMA et la filiation seront donc au cœur de cette édition 2019. Derrière le collectif les “Goudou.e.s sur roues”, on pourra découvrir d’autres collectifs et associations lesbiennes comme “Diivines LGBTQI+”, une association lesbienne afro-caribéenne, le collectif “Sésame F” créé pour donner de la visibilité aux femmes chinoises LGBTQI+, “Cineffable”, une association dont l’objectif est de promouvoir le cinéma lesbien, la chorale des “Gamme’Elles”, ou encore le char gouines/trans.
“De nouvelles associations lesbiennes se créent et ça c’est une très bonne nouvelle pour le mouvement LGBT dans son ensemble”, se réjouit Clémence Zamora-Cruz.
Mais l’invisibilisation des lesbiennes pose aussi d’autres questions notamment financières. “C’est aussi une question de moyens, car l’Inter-LGBT ne paye pas les chars qui défilent. La charge financière des chars revient aux associations. Pourquoi certains collectifs ne peuvent pas se payer de chars pour défiler? Qui a les moyens de se mobiliser? Il faut se poser la question”, souligne la porte-parole.
En ouvrant la Marche des fiertés, le collectif espère que l’initiative se développera. “Ce que j’aimerais surtout, c’est que l’ouverture de la Pride par une horde de lesbiennes sur roues, dans une configuration inclusive, devienne une tradition, comme à San Francisco où les ‘Dykes on Bikes’ le font chaque année”, conclut Paulien
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