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Dix conseils par temps de grève à la RATP

Dix conseils par temps de grève à la RATP

Rester chez soi, repérer les lignes qui fonctionnent, chercher un compagnon pour faire la route à vélo… Tour d’horizon des alternatives au métro et au RER alors que le trafic s’annonce extrêmement perturbé.

Le métro parisien, station Châtelet, le 14 novembre 2007, jour de grève à la RATP.
Le métro parisien, station Châtelet, le 14 novembre 2007, jour de grève à la RATP. BERTRAND GUAY / AFP
Dix lignes de métro totalement fermées, des RER très rares, des bus perturbés… la grève des agents de la RATP, mobilisés contre la réforme des retraites et pour le maintien de leur régime spécial, affectera, vendredi 13 septembre, plusieurs millions de personnes, lors d’un mouvement d’ampleur inégalée depuis 2007. Les usagers du métro à Paris et en proche périphérie, mais aussi ceux des bus et des tramways exploités par la régie, dans toute la région Ile-de-France, seront concernés par les perturbations du trafic.
Le premier réflexe, face aux prévisions, serait de monter dans sa voiture ou sur son scooter, seul, et de partir très tôt, quitte à rentrer très tard. Mais les axes routiers risquent eux aussi d’être encombrés par des bouchons monstrueux. La route sera stressante, pour les conducteurs mais aussi pour les autres usagers qu’ils seront amenés à croiser, piétons ou cyclistes. En outre, avec le temps estival, il n’est pas impossible que tout ceci se termine en pic de pollution. Voici donc dix conseils pour s’en sortir lors de cette journée de grève à la RATP.

1 – Rester sur place

D’abord, se demander si le déplacement est indispensable. En Ile-de-France, une partie des employés, surtout des cadres, sont habitués à télétravailler un jour ou deux par semaine. Des réunions sont décalées, des rendez-vous transformés en « conf call ». Certains ont sans doute pensé à prendre une journée de congé, le week-end s’annonçant si beau… Mais tous les employeurs ne sont pas prêts à voir disparaître la quasi-totalité de leur effectif toute une journée. Et les réseaux informatiques des entreprises ne sont pas toujours conçus pour supporter toutes les connexions en même temps, rapporte un cadre à La Défense. Une meilleure organisation du travail s’impose sans doute, mais c’est un autre débat.

2 – Se relayer

Les vendeurs d’un grand magasin ou les serveurs d’un restaurant ouvert sept jours sur sept peuvent s’échanger leurs jours de présence. Celui qui habite dans le Marais, au centre de Paris, et qui est habituellement en congé le vendredi, prend le relais de celle qui vit à Marne-la-Vallée, et qui travaillera le mardi suivant en échange.

3 – S’informer

« C’est la galère dans les transports, rien ne fonctionne. » Rien, vraiment ? Un peu de précision s’impose : les lignes 1 et 14 du métro, automatiques, roulent normalement, même si les rames seront sans doute bondées. C’est la RATP, et pas la SNCF, qui est en grève vendredi. Les trains de banlieue Transilien et certains RER, ainsi que les tramways des lignes T4, dite « des coquetiers » (à l’est de l’Ile-de-France), et T11 (au nord) sont censés rouler normalement.
Le réseau ferroviaire sera toutefois très chargé, car une partie des habitués de la RATP se reporteront sur les trains, et cette situation créera des retards.
Les RER C, D et E seront les seuls transports ferrés traversant la capitale : il faut s’attendre à y rencontrer du monde. Les portions ouest du RER A et nord du RER B, exploitées par la SNCF, risquent, en outre, d’être affectées par les perturbations sur les tronçons RATP, au centre et à l’est pour le A et au sud pour le B.

4 – Regarder une carte

En prenant en compte ce qui précède, on peut choisir son itinéraire. Si tel RER ou tel bus de la RATP ne circule pas, il y a peut-être une gare SNCF, à quelques kilomètres, où passent des trains. Dans les Yvelines, les voyageurs sont ainsi habitués opérer un arbitrage entre le choix du RER A et celui des lignes de train vers Saint-Lazare.

5 – Profiter des offres de la RATP

La régie propose des offres promotionnelles inédites avec des start-up, tel l’opérateur de scooters électriques Cityscoot, les trottinettes et vélos Jump du californien Uber, ou l’application de VTC (voitures de transport avec chauffeur) Kapten. Un curieux choix : les VTC n’ont pas encore le droit d’emprunter les couloirs de bus et seront donc bloqués dans les bouchons, contrairement aux taxis. De toute façon, il s’agit avant tout d’une opération de communication : les mille codes promotionnels Kapten disponibles avaient tous été commandés dès jeudi après-midi, admettait la société sur son compte Twitter…
L’association Plus de trains, qui rassemble des usagers du RER et du Transilien, ne cache pas sa surprise quant à ces offres : « Ça fait gadget. Il y a six cents personnes toutes les deux minutes dans un métro. On ne va pas les déplacer avec un tarif promotionnel sur des trottinettes électriques », explique son président, Arnaud Bertrand. De fait, la page prévue pour ce « dispositif exceptionnel » sur le site de la RATP ressemble davantage à un étalage de partenariats commerciaux qu’à un recensement de solutions concrètes.

6 – Tester le covoiturage

Ile-de-France Mobilités rappelle que les jours de fortes perturbations, les trajets en covoiturage de courte distance conclus grâce aux applications spéciales sont subventionnés à hauteur de quatre euros, contre deux euros en temps normal. Mais vendredi la priorité n’est pas tant de récupérer quatre euros que de se déplacer. Et puis, il n’est pas indispensable de passer par une application pour se mettre au covoiturage. On peut aussi demander à ses voisins ou collègues de faire un détour de dix minutes. Hélas, les employeurs, qui pourraient inciter les échanges entre salariés, sont souvent aux abonnés absents.

7 – Oser enfin le vélo

Comme le rappelle en toutes occasions Valérie Pécresse, présidente (ex-Les Républicains) de la région, « une grande majorité des déplacements, en Ile-de-France, font moins de sept kilomètres ». Sans remonter aux antédiluviennes « grandes grèves de 1995 », il est courant que des usagers des transports se mettent au vélo à l’occasion d’une grève. C’est arrivé, par exemple, à Lille en mai 2013, lors d’un mouvement particulièrement dur.
Là encore, on peut se tourner vers ses voisins ou collègues. Peut-être l’un d’entre eux prévoit-il de faire le même trajet ? A deux, surtout si on n’a pas l’habitude de pédaler, on se sent plus en sécurité. C’est selon ce principe que les associations pro-vélo organisent des séances d’entraînement : un cycliste expérimenté accompagne un débutant. Et qui sait, un autre voisin pourra peut-être vous prêter le vélo à assistance électrique qui vous permettra de faire ce trajet Asnières-Boulogne de 13 kilomètres pour lequel vous comptiez appeler un taxi…
Le Vélib’ fonctionne aussi bien que possible. Après des dysfonctionnements monumentaux en 2018 et une longue période de convalescence début 2019, le service a enregistré des records de fréquentation ces derniers jours. Il faut savoir que Vélib’n’est pas limité à Paris : l’opérateur Smovengo annonce 1 333 stations dans cinquante-cinq communes, de Chaville (Hauts-de-Seine) à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), d’Argenteuil (Val-d’Oise) à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne).

8 – En parler autour de soi

Se déplacer est encore vécu comme une préoccupation intrinsèquement personnelle et singulièrement stressante. Mais il serait sain de « raisonner collectif », comme le dit Arnaud Bertrand, de l’association Plus de trains. Il ne s’agit pas seulement d’en parler entre collègues sur la terrasse ou sur les réseaux sociaux, mais aussi d’alerter les instances du personnel et la direction des ressources humaines. Le parking, par exemple, peut être optimisé pour favoriser le covoiturage et ranger les vélos, plutôt que pour accorder aux cadres supérieurs des places privilégiées à proximité de l’entrée.
L’expérience acquise lors de cette journée noire pourrait servir de matrice pour changer les habitudes, par exemple les jours de neige, lors de grandes manifestations ou d’événements exceptionnels. Ou pour changer les habitudes tout court. Dans cette région densément peuplée, où tout le monde a une bonne raison de bouger sans cesse, ne pas se déplacer, quel que soit le moyen de transport que l’on aurait utilisé, c’est laisser de la place aux autres. C’est aussi un comportement civique.

9 – Aménager l’espace

L’organisation de la mobilité ne repose pas sur le seul voyageur. A Paris et aux alentours, les rues risquent d’être encombrées. Charge devrait être aux pouvoirs publics de réguler la circulation, et pas seulement celle des voitures. Ce pourrait aussi être l’occasion de matérialiser enfin des voies réservées pour le covoiturage sur les axes routiers. La promesse est récurrente, la réalisation tarde.
A Amsterdam, au mois de mai, une grève a affecté les transports de la ville, et notamment le ferry qui traverse un bras de mer au nord de la gare, et par lequel transitent beaucoup de cyclistes. La ville a alors décidé de transformer un tunnel, habituellement réservé à la circulation motorisée, en passage pour les vélos. Avec un argument simple : un vélo occupe moins d’espace qu’une voiture.

10 – Débattre

« Quand il y a une grève en France, plus personne ne s’en aperçoit. » Raté. Le célèbre adage de Nicolas Sarkozy ne tient plus. Un service minimum n’est-il pas prévu par la loi ? Pas vraiment, en fait. En pratique, la loi de 2007, qui cherche à « concilier deux principes constitutionnels, le droit de grève et la continuité du service public », impose aux syndicats une négociation et une déclaration de grève quarante-huit heures avant le début du mouvement. Les voyageurs doivent être informés et un plan de transport doit être annoncé. Mais la loi ne prévoit aucunement la réquisition des grévistes. « Un jour ou l’autre, il faudra ouvrir sereinement le débat », écrit l’association Plus de trains.

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